Pendant que les économies japonaises et européennes s’enlisent, alourdies par les problèmes de leurs dettes publiques, la croissance mondiale repart ; elle pourrait, si elle se maintenait au rythme qui s’annonce, leur apporter une solution inattendue.
Au Japon, en raison du séisme et du tsunami, on s’attend à une baisse de la production de 3,7% en 2011 ; en France, la croissance n’atteindra pas les 2% ; en Espagne, la croissance ne sera que de 0,8 en 2011 et 1,6% en 2012 ; en Grèce et au Portugal, une récession s’annonce.
Ailleurs, tout va bien : en Chine , la croissance s’annonce durablement voisine de 10% par an ; en Inde, à Taiwan, au Vietnam, en Indonésie elle dépassera les 7% par an pendant plusieurs années ; en Russie, en dépassera 4,5% par an pendant les quatre prochaines années ; en Afrique, elle sera de 5% par an entre 2011 et 2015, en particulier grâce aux énormes investissements venus d’Asie ; le Mexique est sur une pente de 4,6%, récupération spectaculaire après une baisse de 6,5% en 2009 ; le Brésil continue sur un rythme supérieur ; les pays dit de « l’Europe émergente », c’est-à-dire ceux de l’Est de l’Europe et les pays baltes, connaissent eux aussi une croissance supérieure à 4,3% par an en 2011 et en 2012 ; et même, en Lituanie, depuis 3 mois, de 14,7% en moyenne annuelle.
Au total, la croissance mondiale s’est réinstallée sur le rythme considérable de 4,5% par an, ce qui permettra à la production mondiale de retrouver avant la fin de cette année son niveau de 2008, perdu avec la crise financière.
Plus encore, dans les dix prochaines années, le pouvoir d’achat des habitants des pays émergents passera de moins de 7 trillions de dollars à plus de 20, soit le double de celui des Etats-Unis. L’apparition de ces immenses nouvelles classes moyennes créera une demande nouvelle pour les produits d’Occident, en particulier ceux liés aux nouvelles technologies, à l’agriculture, à l’habillement, à l’ameublement, au tourisme, aux services intellectuels de toute nature.
Déjà, aux Etats-Unis, même si le chômage y dépasse encore les 16%, et si le marché immobilier reste paralysé, la croissance de la production industrielle y est de 5,7% ; et s’y ajouteront bientôt les effets d’innovations nouvelles très prometteuses : réseaux sociaux, cloud computing, génomique.
L’Europe, la vieille Europe, peut aussi y prétendre : si elle entreprend les réformes urgentes en matière d’éducation, d’innovation, de fiscalité, et si elle redevient exportatrice, elle peut rejoindre la vague de la croissance mondiale.
Alors, la part de la dette publique dans la production nationale diminuera mécaniquement ; et l’inflation fera le reste. Tout est donc encore possible.
Mais les préteurs feront-ils assez longtemps confiance aux emprunteurs pour que le poids de leurs dettes se réduise ainsi par le seul jeu de la croissance ? Ou bien, lassés d’attendre des réformes toujours promises, exigeront-ils des remboursements aux dates prévues, entrainant un retour de la crise, en Europe d’abord, puis ailleurs dans le monde ? Le tsunami de la dette l’emportera-t-il sur celui du progrès technique ?
Tout dépend donc de la crédibilité de projets de long terme. Ce ne sont pas ceux que les politiciens préfèrent.