Ces temps derniers, bien des choses se passent dans le monde. En Afrique du Nord, Afrique Sub-saharienne, Amérique du Nord, Amérique du Sud, Russie, Chine, Inde. De fait, il serait plus rapide de parler des lieux où il ne se passe rien : l’Europe ; et on n’y parle que de petits scandales et de grandes dettes ; à Bruxelles, c’est pire encore : on n y parle de rien ; il n’y a même ni petit scandale ni grande dette.
Pour s’en convaincre, il suffit de parcourir les titres de la presse quotidienne du monde : on y parle un peu des malhonnêtetés des puissants et beaucoup des projets du pays ; les articles, comme les éditoriaux, bruissent de projets d’avenir. En Europe, les titres des quotidiens ou des médias audiovisuels portent pour l’essentiel sur des sujets de politique étrangère, sur des faits divers ou sur les turpitudes des dirigeants.
En France, il semble obscène de parler sérieusement d’avenir, qui semble se réduire à la question de savoir qui occupera en 2012 un petit hôtel particulier du 8ème arrondissement de Paris. Pourtant, chacun, dans sa vie quotidienne, ne pense qu’à ca : de quoi sera fait son avenir. Chacun y pense en général avec angoisse, convaincu qu’il ne peut être que pire que le présent. Chacun est encouragé à ce pessimisme par le néant des dirigeants : ils n’ont aucun projet, pas de vision de la place de la France dans l’histoire du 21ème siècle. Et si on n’a pas de désir d’Histoire, on ne peut pas y jouer un rôle. Ne pas parler de l’avenir, c’est se condamner à tout y perdre.
Il faut maintenant changer cela. Il faut faire renaitre en Europe, et en France en particulier, un désir d’Histoire. Et pour cela, je propose une opération simple : l’ « opération 2022 ». Chacun lancerait une réflexion sur ce qu’il voudra, pourra, sera dans onze ans. Chacun ferait l’analyse des opportunités à saisir, des dangers à éviter, des précautions à prendre, des risques à courir, des solidarités à construire, des combats à mener. Ces analyses devraient aussi être menées par un grand nombre d’entreprises, d’universités, d’hôpitaux, de communes, de départements, de régions, mais aussi de syndicats, de partis politiques et d’entités nouvelles comme les ONG. Elles permettront de mieux comprendre que notre pays a besoin , et a les moyens, de très grands investissements de long terme en matière scolaire, scientifique, social, écologique, économique ; qu’il doit à tout prix reconstruire presque tous ses réseaux de communications et d’énergie.
Les réseaux sociaux seraient de formidables moyens d’échanger, de confronter sur ces sujets. Les administrations et les centres de recherches pourraient fournir les bases statistiques communes à ces réflexions : on peut prédire assez bien à cet horizon la démographie et la technologie.
Si ces « opérations 2022 » sont nombreuses, cohérentes, argumentées (et il existe maintenant des méthodes bien rodées pour les mener à bien), les candidats aux prochaines élections présidentielles ne pourront pas ne pas s’y inscrire. Ils devront proposer des images de la France en 2022. Et la campagne électorale pourra alors opposer des projets ; et non des petites phrases et des postures. 2022 peut paraitre très loin : c’est simplement juste la fin du mandat du président qui sera élu après celui qui sera choisi en 2012. C’est-à-dire demain matin.