Voici donc venu le moment du principal choix politique français.
Notre pays est encore une très grande puissance, militaire, économique, politique, culturelle ; il est cependant menacé de déclin, en raison de sa dette publique, de son déficit extérieur, de sa très faible croissance et du gaspillage de ses talents. Si rien ne change, notre protection sociale et notre système de santé ne pourront être maintenus ; et nous serons privés des moyens de faire valoir nos intérêts dans l’urgent débat, qui va commencer, sur les conditions de l’évolution de l’eurozone vers un ensemble fédéral, sans laquelle l’euro disparaitra et l’Union Européenne explosera.
Il est donc crucial d’équilibrer rapidement nos finances publiques et nos comptes extérieurs, de libérer les moyens de notre croissance et de valoriser nos talents .
En apparence, les deux principaux candidats sont d’accord sur ces objectifs : ils promettent tous les deux de réduire la dette publique et de finir leur mandat avec un budget en excédent. Ils prônent tous les deux la défense des classes moyennes ; ils considèrent tous les deux comme une urgence le retour à la compétitivité et le développement des PME. Ils font aussi l’un et l’autre de la protection de l’emploi, de l’éducation, de la santé et du logement leurs principales priorités. Enfin, ils sont tous les deux pro-européens.
Qui des deux peut le mieux réunir les conditions de la réussite d’un tel projet ?
Pour certains, c’est Nicolas Sarkozy, parce qu’il aurait déjà réussi un certain nombre de réformes difficiles, en particulier en modernisant les universités et en développant quelques investissements d’avenir ; et parce qu’il aurait l’expérience de la gestion de crises internationales.
Pour moi, le bilan du président sortant n’établit pas sa crédibilité pour l’avenir, n’ayant rien fait de significatif pour réduire la dette publique, réformer l’Etat, réduire les privilèges, moderniser la fiscalité, former les chômeurs : s’il l’avait fait, la France aurait encore son triple A, notre chômage serait aussi faible que celui des Pays-Bas, notre jeunesse n’irait pas chercher fortune ailleurs et les talents et les capitaux étrangers se précipiteraient dans l’hexagone.
Alors que François Hollande, lui, au moins dans son programme, fait explicitement du dialogue social, du partage juste des efforts, et de la lutte contre toutes les formes de précarité, l’essentiel de sa méthode de gouvernement, de sa réforme fiscale et de sa politique européenne. En s’appuyant sur des élus locaux ayant fait, dans tous le pays, la preuve de leurs compétences et de leurs capacités à appliquer ces principes.
Au total, ce n’est donc pas seulement parce que François Hollande incarne les valeurs auxquelles je me suis toujours référé que je le choisis. C’est aussi parce que la justice sociale sera la condition de l’acceptabilité des réformes. Et que j’ai confiance en lui pour y veiller.
Ce choix ne m’empêchera pas évidemment de rester vigilant, d’exiger des précisions là où elles manquent et de dénoncer, si nécessaire, tout ce qui pourrait conduire, par pusillanimité ou conservatisme , à s’écarter du respect de ces exigences, sans lequel tout projet ne sera que discours.