2013, année sans élections en France, commence en fanfare : un accord bienvenu sur la réforme du  marché du travail,  des opérations militaires  risquées en Afrique,  où se joue le destin de  la France, des manifestations contre le mariage de deux personnes du même sexe. Beaucoup d’autres sujets, plus ou moins importants,  occupent  chacun de nous, comme d’habitude : l’emploi, le pouvoir d’achat, et bien d’autres évènements privés, qui se bousculent, sans hiérarchie particulière.

Le risque est grand, dans ces conditions,  qu’on fasse passer, au plus haut niveau de l’Etat comme dans nos vies personnelles,  l’urgent avant l’important. En particulier, que l’Etat ne mène pas à bien les réformes sans lesquels le pays, comme le reste de l’eurozone, s’enlisera dans des politiques d’austérité sans avenir, et  ne profitera pas du retour  mondial de la croissance en 2014. Commencerait alors une longue phase de déclin, aux conséquences sociales et politiques imprévisibles.

2013 est pourtant une année exceptionnelle : à partir de 2014, aucune année ne sera  plus sans élection, locale, régionale, européenne ou nationale, jusqu’en…2018 !

Il est donc urgent,   pour le gouvernement,  de mettre en chantier de façon irréversible au moins  les cinq réformes majeures suivantes, qui conditionnent l’avenir du pays, même si leurs effets positifs ne s’en  feront sentir que sur le long terme.

  1. La réforme de l’Etat et des régimes sociaux,  par des réagencements majeurs des administrations, pour rendre les services publics plus efficaces, plus justes et moins couteux.   Et d’abord, la suppression du département, que viennent de décider, subrepticement, les Lyonnais et les Alsaciens.
  2. La formation professionnelle des chômeurs, qui donnera tout son sens à la réforme  du marché du travail, en donnant un statut de salarié à toute personne en formation et en recherche active d’emploi.
  3. L’interdiction du cumul des mandats, qui permettra de faire surgir de nouvelles élites républicaines et de faire enfin prendre par le parlement des décisions d’intérêt national, sans tenir compte des intérêts locaux des élus.
  4. La réforme de l’école, en donnant dès la rentrée 2013 un vrai pouvoir aux directeurs d’école, pour former une équipe adaptant ses programmes aux besoins de leurs élèves.
  5. La proposition à nos partenaires européens, sans attendre les élections allemandes, d’un véritable projet fédéral, qui permettrait de sortir enfin du carcan absurde de l’austérité, en relançant la croissance continentale par des investissements financés par des emprunts à long terme de l’eurozone : il est absurde de ne pas emprunter à 3% pour financer les innombrables projets dont la rentabilité à long terme est supérieure à 6%.

Et plus encore sans doute, c’est  une toute autre ambiance  qu’il faut créer dès aujourd’hui dans ce pays, qui  ferait  passer l’important avant l’urgent, à tous les étages de la société et de nos vies personnelles ;  qui valoriserait  le succès, l’exceptionnel, l’original, la prise de risque ; qui  encouragerait les jeunes des quartiers,  autant que les ingénieurs et les cadres les mieux  établis, à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale,  pour faire naitre  et croitre les entreprises, les coopératives, les mutuelles, les associations sans lesquelles il n’y aura pas de croissance . Et, à terme, pas de démocratie.

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