Il faut vraiment se voiler la face, comme le font trop de dirigeants politiques, pour ne pas voir que quelque chose de majeur va se passer en Europe, dans les mois qui viennent : l’une ou l’autre des multiples épées de Damoclès suspendues au ciel de l’Histoire tombera sur nos têtes :
Les divers mouvements terroristes qui agissent au Moyen-Orient et y forment des émules, pourraient déclencher sur notre continent les attentats dont ils nous menacent.
L’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest pourrait prendre des proportions majeures et finir par atteindre significativement l’Europe, entraînant un ralentissement significatif des échanges de toute nature.
La situation politique et financière de la Chine, de plus en plus instable, pourrait y entraîner une crise économique majeure, aux conséquences considérables sur l’économie mondiale et en particulier sur l’Europe.
La formidable fuite en avant des Etats-Unis par l’endettement et la planche à billets, pour ne réaliser qu’une maigre croissance, pourrait ne pas réussir à sauver un système financier totalement déséquilibré, avec, là aussi, des conséquences vertigineuses sur l’Europe.
Plus directement, la situation globale de l’Europe, qui s’enfonce dans la déflation, rend probable une faillite d’un des Etats européens, et non des moindres, devenu incapable de rembourser sa dette. Et la colère des Allemands, devant la dérive des autres, pourrait conduire ce pays à sortir, le premier, de la zone euro.
Par ailleurs, la décision attendue de la cour européenne de justice, sur les mécanismes audacieux de solidarité monétaire créés par Mario Draghi, provoquerait, si elle les déclarait contraires aux traités européens, la démission du président de la BCE et un effondrement de l’euro.
Plus spécifiquement, la France, dont le déficit budgétaire est désormais hors de contrôle et où les réformes tardent à venir, pourrait se trouver attaquée par les marchés et devenir à son tour insolvable.
L’une au moins de ces menaces a de fortes chances de se matérialiser dans les dix-huit prochains mois. Chacun le devine et s’y prépare, à sa façon. En particulier en France. Et pour cela, deux attitudes sont possibles :
La première, la plus fréquente, la plus probable, est dictée par la peur des autres ; elle conduit à la fermeture des frontières, au repli sur soi, au refus du nouveau et des autres, dans l’illusion d’échapper ainsi au chaos du monde. Elle conduira à un autre choc, en donnant le pouvoir en France, au Front National, dans une ou deux régions, lors des prochaines élections de juin prochain ; et comme ils n’amélioreront en rien la vie des nordistes ou des provençaux, ils expliqueront qu’ils ne peuvent rien sauf à gouverner la France toute entière, hypothèse chaque jour davantage probable. Pour le plus grand malheur du pays, car toutes les dérisoires digues qu’un gouvernement de la peur mettrait en place seraient vite balayées par le tsunami qui vient.
La deuxième attitude est celle qui consiste à anticiper sur tous ces risques, à comprendre que la peur est mauvaise conseillère, que le repli sur soi ne sera pas une réponse, que le refus des autres est suicidaire, que la richesse future de la France dépend de la maîtrise de sa dette, de la promotion de l’innovation et de la formation, de l’intégration réussie de ceux qui ont voulu la rejoindre ; qu’on peut, qu’on doit, d’urgence, organiser l’Europe de façon à lui donner les moyens de résister à ces crises, en la laissant prendre les moyens d’investir, en faisant baisser l’euro et en organisant un contrôle commun efficace de ses frontières.
Ne pas avoir peur de ses ennemis, tel est le véritable secret de l’avenir. Tel est le secret des peuples heureux.