S’il est une constante des trente dernières années en France, c’est bien la défaite lors de l’élection principale du vainqueur des élections intermédiaires. Ainsi, quand la gauche ou la droite gagne des élections législatives ou régionales, elle perd l’élection présidentielle suivante.
Aujourd’hui, comme en 2004, la gauche a gagné massivement les régionales. Aussi, en 2012, comme en 2007, elle devrait perdre les élections présidentielles.
Certes, les circonstances sont très différentes ; et tout semble, cette fois, jouer en faveur de la gauche : sa victoire à ces élections régionales est encore plus nette que lors de la précédente consultation ; l’élection présidentielle de 2007 opposa deux candidats pour qui c’était un baptême du feu, alors qu’il s’agira en 2012 de la réélection d’un président sortant, dont l’opinion semble rejeter l’hypothèse même d’un second mandat ; enfin, une crise économique et financière d’ampleur majeure est passée par là ; et on n’a jamais vu réélue une majorité, ou un président, portant la responsabilité de la gestion d’une période pendant laquelle le chômage s’est aggravé.
Tout semble donc jouer en faveur d’une victoire de la gauche aux prochaines élections présidentielles.
Encore faudrait-il qu’elle soit capable de franchir cinq obstacles, si possible dans cet ordre :
1. Choisir un candidat capable non seulement de gagner mais de gérer le pays. Et si possible le choisir vite, pour lui donner le temps de former son équipe et de sortir de l’improvisation dans la préparation de la conduite du gouvernement.
2. Faire une analyse honnête de la situation. Aujourd’hui, à entendre parler les représentants de la gauche, on n’a pas le sentiment que, en public au moins, ils réalisent ni la gravité de la situation du pays ni le fait que celle-ci n’est pas le seul fruit de la politique de la droite, mais bien le résultat d’une crise majeure : celui qui gérera le pays entre 2012 et 2017 se trouvera face à un pays fatigué, un budget exsangue, un chômage massif, une croissance très faible ; avec l’obligation de réduire les déficits et de financer les dépenses d’avenir. Il n’y aura donc aucune place pour la démagogie.
3. Réussir le jeu des alliances : la victoire n’est en effet possible que si toute la gauche et une large partie du centre y contribue ; chacun devra donc retrouver, dans la stratégie présidentielle, des éléments de sa vision de l’avenir.
4. Proposer un programme crédible, qui ne peut se résumer à arroser des catégories électoralement payantes, mais qui doit permettre d’améliorer la compétitivité du pays, la formation de ceux qui y travaillent, la justice sociale, sans remettre en cause ni les exigences de l’environnement ni celles de la construction européenne, si vitales pour notre avenir.
5. Enfin, convaincre le pays ; face à un président sortant qui saura parfaitement jouer des faiblesses de la gauche sur les quatre points précédents, cela ne sera pas simple : le candidat Sarkozy a montré qu’il était redoutable. Le président sortant, auréolé d’un succès du G20 qui se sera tenu à Paris quelques mois avant les élections, (on ne peut que le souhaiter dans l’intérêt de la France) sera , pour quelque candidat que ce soit, un adversaire de très haut niveau.