Il est bien plus facile de prévoir les bonnes nouvelles que les mauvaises ; car les premières se produisent rarement par hasard et sont le plus souvent le résultat de longs efforts ; même si on ne peut en général rien dire de la date de leur avènement, on sait en général longtemps à l’avance qu’un évènement heureux peut survenir. Les seules bonnes nouvelles vraiment imprévisibles, sans doute les plus importantes, sont les œuvres d’art. Et encore.
Tandis que les mauvaises nouvelles, (parfois prévisibles, comme les licenciements, certains conflits, ou famines) surviennent en général par surprise, sans préavis : il est plus facile de détruire que de construire ; de faire du tort que du bien ; de tuer que de donner la vie. Enfin, les bonnes nouvelles pour les uns (des avantages sociaux) sont parfois de mauvaises pour d’autres (des impôts).
Et pourtant, nous sommes bien plus fascinés par les dangers que par les promesses ; par les menaces que par les espérances. Parce que les mauvaises nouvelles sont des informations ; tandis que les bonnes sont en général énonçables longtemps à l’avance : la mise en service d’un pont, d’un immeuble, d’une ligne de TGV, ou la mise en application d’une loi sont connus longtemps à l’avance. Un tsunami, un attentat, une maladie, ne le sont pas.
Pour en rester aux bonnes nouvelles, celles qui sont probables en 2013 ne sont pas tres nombreuses.
Pour le monde, on peut s’attendre à d’innombrables nouvelles versions des objets nomades qui ont envahi nos vies ; à la baisse du prix du pétrole et du gaz, en raison de l’exploitation des gaz de schiste ; à l’ouverture du nouveau World Trade Center à New York ; à la mise en service d’un formidable nouveau train à grande vitesse au Japon ; à l’ouverture d’un premier tunnel ferroviaire sous le Bosphore, à Istanbul, reliant l’Europe et l’Asie. Il n’est pas non plus tout à fait exclu qu’un progrès puisse être enregistré dans la lutte contre les maladies non transmissibles, (aujourd’hui les plus meurtrières) , dans la maitrise des émissions de gaz à effet de serre ou dans celles des cœurs nucléaires de Fukushima. Pas non plus impossible d’espérer que puissent s’interrompre les tragiques guerres civiles en Syrie, au Kivu et ailleurs ; que l’Iran évolue, après ses élections en juin, dans une direction plus pacifique ; et que progresse une reconnaissance réciproque d’Israël et de la Palestine.
Pour l’Europe, les efforts en faveur de sa consolidation peuvent déboucher dès 2013 sur un renforcement politique de l’eurozone ; et une baisse de l’euro peut y favoriser la croissance.
Pour la France, une reprise de la croissance en fin d’année n’est pas à exclure ; un accord sur la flexibilité du travail peut conduire à la remise en cause les gaspillages dans la formation permanente et à une inflexion du chômage. Il n’est pas non plus interdit d’espérer qu’on comprenne les formidables potentiels que représentent, s’ils sont exploités de façon écologiquement raisonnables, les gaz de schiste qui sont sous nos pieds. Enfin, quelques réformes sociales, non couteuses, portant sur les mœurs, sont possibles.
Pour que ces bonnes nouvelles se réalisent, beaucoup de travail est encore nécessaire. Et beaucoup d’audace : avoir le courage de semer, même si les fruits se font attendre, serait surement la meilleure nouvelle de 2013.
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