Prenons très au sérieux cette campagne de second tour. Remisons nos convictions premières et cherchons vraiment en quinze jours, qui peut le mieux éviter à la France le sort de la Grèce, qui attend, c’est presque certain, le Portugal et peut-être aussi l’Espagne.
C’est la priorité des priorités. On ne peut faire de plan sur rien d’autre, ne promettre le maintien d’aucun avantage acquis, le gain d’aucune conquête sociale, la protection d’aucune situation personnelle, si on n’évite pas d’abord le plus probable : le déclassement de la France.
Car, si la France continue sur sa trajectoire actuelle, la vague qui portera l’élu du 6 mai se transformera vite en tsunami pour noyer ses espérances, et celles du pays.
Il est donc temps, enfin, à moins de deux semaines de l’élection de celui qui va diriger la France pendant cinq ans, d’obtenir des deux derniers concurrents des réponses claires, sans faux fuyant, aux quatre questions essentielles dont dépend l’avenir du pays.
Questions à Nicolas Sarkozy :
- Pourquoi n’avez-vous pas, quand il était encore temps, réduit significativement les déficits de l’Etat ?
- Pourquoi avez-vous laissé tous les acteurs de l’économie, ménages et entreprises, s’endetter plus que ceux d’aucun autre pays du G7, comme l’établissent les données incontestables de l’OCDE ?
- Comment peut-on croire que vous ferez pendant votre deuxième mandat les réformes que vous n’avez pas osé faire pendant le premier ? Et ne répondez pas que vous pourrez le faire parce que la crise est derrière nous, parce que ce n’est pas vrai.
- Que comptez-vous faire très précisément, euro par euro, pour échapper à la tutelle des marchés, c’est à dire des préteurs, dans le collectif budgétaire de juillet 2012 (auquel vous n’échapperez pas car vos chiffres budgétaires sont faux), et dans le budget 2013, en ne comptant pas sur une croissance qui ne sera évidement pas au rendez vous, à voir ce qui se profile ailleurs en Europe, aux Etats-Unis et en Chine.
Questions à Francois Hollande :
- Considérez-vous qu’il reste licite d’espérer, en France, pouvoir faire fortune par son travail ou faut-il l’interdire pour financer les déficits et supprimer la pauvreté ?
- Si faire fortune n’est plus licite, si les chefs d’entreprise n’ont plus cette motivation, comment pensez-vous que le pays peut retrouver le chemin de la croissance ? Par des investissements publics ? Par des nationalisations ? Par la vertu ?
- Si faire fortune n’est plus licite, faut-il, selon vous, admettre le maintien des fortunes existantes, qui n’auraient plus comme justification que d’avoir été faites avant le 6 mai 2012, ou faudrait-il les remettre en cause, par des impôts massifs sur les successions et sur la fortune ?
- Que comptez-vous faire très précisément, euro par euro, pour échapper à la tutelle des marchés, c’est à dire des préteurs, dans le collectif budgétaire de juillet 2012, que vous avez annoncé, et dans le budget 2013, en ne comptant pas sur une croissance qui ne sera évidement pas au rendez vous, à voir ce qui se profile ailleurs en Europe, aux Etats-Unis et en Chine.
En 1771, Jean Jacques Rousseau écrivait, dans ses fascinantes, et trop oubliées Considérations sur le gouvernement de Pologne et sur sa réformation : « Tout Etat libre où les grandes crises n’ont pas été prévues est, à chaque orage, en grand danger de périr ».
J’aimerai que cette phrase serve d’exergue à cette fin de campagne.