Cette éternelle question, aussi ancienne que l’humanité, a trouvé à travers le temps des réponses changeantes.
Les rois, les princes, les seigneurs, les généraux, les chefs d’église l’ont toujours été. Souvent l’ont été avec eux certains de leurs ministres, hauts fonctionnaires, et créanciers, tels les fermiers généraux. Parfois l’ont aussi été aussi certains de leurs fournisseurs : artistes, devins, cuisiniers, architectes, jardiniers. La richesse se traduit alors par l’achat de terres et la construction de châteaux.
Avec l’économie de marché, et pour l’essentiel dans des villes portuaires, on a vu apparaître de nouvelles fortunes venues de l’entreprise et de la prise de risque.
En occident, cela commence avec le protestantisme, qui retrouve les valeurs juives, pour qui le scandale, c’est la pauvreté, et non la richesse. Alors que pour l’église catholique c’est exactement l’inverse. En particulier, la france y a perdu toute chance d’abondance quand, en 1685, le roi Louis XIV, aux applaudissements de tous, chassa les protestants du pays, en abrogeant l’Edit de Nantes de son prédécesseur Henri IV.
Très vite, s’est posé la question de l’écart de revenu acceptable : 20 ? 40 ? Ou, comme aujourd’hui, plus de 500 ?
En france, le débat rebondit cet été avec la discussion sur la taxation des plus hauts revenus. Il est clair que si le prochain budget décidait de reprendre 75% de ce qui est gagné au dessus d’un million d’euros, cela signifierait qu’il redevient impossible en France de faire fortune. Ce sera une deuxième révocation de l’Edit de Nantes avec les mêmes conséquences : départ des cadres, des artistes, des entrepreneurs. A terme, déplacements des sièges sociaux des entreprises à Londres et à Bruxelles. Et la france ne serait plus qu’une filiale parmi d’autres de ces firmes, et l’emploi n’y serait pas protégé : tout le monde y perdra, comme dans la France du 18ème siècle. On peut le regretter, mais c’est ainsi : nul n’est enfermé dans des frontières.
Si par contre, comme on peut l’espérer, la mesure porte sur chaque part imposable et tient compte de la CSG et de la CRDS, l’Etat ne prendra que 60% de ce qui est gagné au dessus de 3 millions d’euros, par une famille ayant deux enfants. Et les plus values à long-terme, comme les revenus des artistes, ne seront pas concernées.
Une telle mesure serait tolérable. Et utile, si elle se limite à deux ans. Pour rattraper les formidables cadeaux faits au plus riches dans la décennie précédente.
En même temps, il faudra se poser la question de la façon dont se forment les revenus. Pourquoi les traders et les footballeurs sont-ils mondialement les mieux payés ?
Dans l’entreprise, une plus grande transparence, l’association des actionnaires et des syndicats à la fixation des rémunérations des dirigeants, réduira les scandales, qui voient des patrons augmenter leurs salaires quand ils licencient ou quand baisse leur cours de bourse.
Au-delà, il faudra réfléchir à ce que signifie, pour une société, que d’être incapable de retenir ses élites, devenues des mercenaires de passage.
Tant que le marché fixe les valeurs, sa logique s’imposera.