Et si on en parlait du rapport de la commission que je préside? Les premières réactions après la publication du rapport vendredi 15 octobre n’échappent pas a la tradition: chacun y voit ce qu’il veut y voir, sans se donner de lire plus que ce qui lui permet de conforter sa thèse. Et parce que le débat public porte aujourd’hui surtout sur les diverses dimensions de l’endettement (par les finances publiques et les retraites), voici qu’on se limite en général, pour l’instant, à ne lire dans ce rapport qu’un appel a une cure d’austérité.
Ce n’est pas du tout ce que contient ce texte.
D’abord parce qu’il propose essentiellement de grands investissements de croissance et de justice sociale: la formation des gens en recherche d’emploi, en particulier les jeunes, par le contrat d’évolution, la modernisation de l’école primaire, la mise à niveau des grandes infrastructures portuaires, le développement durable, l’agriculture biologique et les biotechnologies, les nanotechnologies, les grands réseaux informatiques,, les industries de la mer, la maîtrise des matériaux stratégiques.
Ces priorités supposent d’immenses changements dans nos habitudes, dans l’organisation des pouvoirs, dans l’attitude face au risque. Et si on en parlait?
Ensuite parce que ce rapport, pour ce qui est de la dette publique, ne fait que prendre au mot toute la classe politique, gauche et droite confondues, qui a fait sien l’objectif d’un retour du déficit à 3% en 2013 et d’une dette voisine de 60% du pib en 2020. Seulement voilà, ce rapport veut aller plus loin que des voeux pieux et dire la vérité: pour y parvenir, de façon socialement juste, il faudra faire d’énormes réformes, pendant dix ans. Des dépenses mieux ciblées et des recettes plus justes. Ce rapport réussit le tour de force de proposer un chemin concret, agréé par des gens de gauche et de droite, pour y parvenir.
Il ne suffit donc pas a ceux qui le commentent de dire quelle économie ou quel impôt ils refusent, il faut encore qu’ils aient le courage de dire par quoi ils les remplacent. D’autres recettes, d’autres économies sont en effet possibles. Nous avons essayé de choisir les plus justes et les plus efficaces. De protéger les plus fragiles et les classes moyennes, en particulier en matière de santé et d’éducation.
Nous avons clairement considéré que la priorité est la jeunesse.
Et si on en parlait?
Nous sommes dans un pays ou nul ne veut vraiment augmenter les impôts ni réduire les prestations, préférant reporter leur financement sur les générations suivantes
J’espère que la classe politique aura le courage d’affronter ce débat. C’est la moindre des attentions qu’elle doit a cette jeunesse angoissée, qui manifeste ou se tait, mais qui sait que son avenir dépend du courage de ceux qui décident aujourd’hui.