La dette se creuse et la façon de la financer devient de plus en plus virtuelle.
Pour avoir, depuis des mois, appelé a la mise en place d’une Agence européenne du Trésor, capable d’émettre des bons du Trésor européens, je ne peux que me réjouir de la formidable avancée que représente la décision de Bruxelles. L’Europe, et c’est heureux, a choisi de sortir par le haut. Les technocrates ont rempli leur vraie mission, qui est de rendre possible ce que souhaitent les politiques.
En tout cas une partie de leur mission. Car ni les uns ni les autres n’ont rempli leur véritable devoir, qui est de sortir de l’engrenage de la dette.
Après avoir basculé, par le g20, de la dette privée a la dette publique, voici qu’on bascule, banque centrale après banque centrale, de la dette publique à la planche à billet. La BCE aura été la dernière a résister.
Certes, l’inflation n’est pas immédiate, mais la dette se creuse. Et la façon de la financer est de plus en plus virtuelle. Rien n’est dit en effet dans l’accord de Bruxelles sur la façon dont seront financés les 60 milliards d’euros pris dans le budget de la commission. Rien n’est dit non plus sur la façon dont les 400 autres milliards seront trouvés puisqu’il s’agit de contributions facultatives des pays membres, Rien n’est dit encore sur la façon de contraindre les pays de l’Union européenne à réduire dès maintenant leur dette souveraine.
Rien n’est dit sur la maîtrise de la spéculation, qui va continuer à faire des profits pour compte propre avec l’argent des autres.
Pour l’instant, tout se passe comme si les Etats, résignés,acculés, se soumettaient chaque jour d’avantage aux marchés, en leur empruntant de plus en plus de cordes pour se faire pendre. Il est encore temps de l’éviter. Et, pour une fois, il ne faudrait pas attendre qu’il soit trop tard pour le décider.
L’Union européenne doit prendre immédiatement l’engagement de mettre oeuvre un contrôle direct des dépenses de tout pays dont la dette dépasserait le seuil de 90% du PIB (Produit intérieur brut) et dont le service de la dette dépasserait 40% des revenus fiscaux. Si l’Union ne prend pas dès maintenant ces engagements, le FMI (Fonds monétaire international) interviendra et l’Union explosera, en raison de l’intervention des autres.
Cette menace de perte de souveraineté sera la meilleure façon de faire comprendre l’urgence d’un rétablissement des finances publiques. Pour éviter ces désastres, il faut agir très vite. Et massivement. Autrement dit, ce ne sont pas de plans de rigueur dont les pays de l’union ont besoin aujourd’hui, mais de plans-catastrophe.