Pour que le prochain G8 soit utile
POUR avoir préparé onze sommets des pays industrialisés, dont deux en France, je mesure la complexité de celui que la France aura à organiser les 2 et 3 juin à Evian (Haute-Savoie). Il se tiendra dans une conjoncture très particulière : la guerre en Irak, si elle a lieu, sera sans doute terminée et on en sera à répartir entre les vainqueurs, s’il y en a, les coûts de la reconstruction et les rentes pétrolières.
Réhabiliter Giordano Bruno
Le 17 février 1600, il y a quatre siècles exactement, à Rome, Giordano Bruno montait au bûcher, sur ordre du pape.Son crime selon Jacques Attali : avoir eu, avant Galilée, Leibniz, Einstein ou Mendeleïev, l’intuition géniale de ce qui est devenu la théorie générale de l’Univers, la relativité, la chimie, la génétique, etc. La vie tumultueuse d’un philosophe vagabond, chercheur oublié, discrédité par l’Eglise, dont le martyre est le symbole de tous les crimes contre l’esprit.
Le cycle du Millénaire est mort avant de naître
EN juillet, j’écrivais ici même qu’il fallait en finir avec l’OMC telle qu’elle était pensée, parce que la négociation qui s’annonçait était mal préparée. Je n’imaginais pas que le cours des événements me donnerait si vite raison.
Pour en finir avec l’OMC
En matière de politique internationale, le ridicule ne tue pas, surtout quand il est au service des plus forts. La récente décision de partager le mandat de directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) entre les deux candidats restés en lice, (un Néo-Zélandais, candidat des Américains, et un Thaïlandais, soutenu par l’Asie), qui l’exerceront chacun pendant trois ans, pourrait faire rire. En réalité, après le précédent de la Banque centrale européenne, voilà le second responsable d’une institution internationale nommé à mi-temps. C’est-à-dire incapable de définir une stratégie à long terme ni de lancer un projet qui lui soit propre. Pour la plus grande joie de ceux qui l’ont nommé.
Internet, pour une nouvelle économie française
MALGRÉ tous les discours, la France est très loin d’avoir pris la mesure du formidable bouleversement social, économique et culturel qu’entraînera Internet, la plus grande révolution technologique depuis l’invention de l’imprimerie. Engourdie dans des siècles de centralisme et de conservatisme, crispée sur la défense d’intérêts souvent archaïques, plus que jamais satisfaite des apparences, elle se laisse mourir. Mourir guérie.
La surclasse
LA mode est au défaitisme. Si l’on en croit ce qui court de colloque en revue, l’Europe serait irréversiblement balayée par la mondialisation, où triompheraient politiquement l’Amérique et économiquement l’Asie. C’est ne rien comprendre à ce qui se passe : ce qui est balayé, ce n’est pas l’Europe mais une certaine façon de penser l’ordre social. Les Etats-Unis, pas plus que l’Asie, n’en tireront profit : car, à voir l’évolution américaine d’aujourd’hui, un tout nouveau capitalisme est en train de surgir, qui bouleversera aussi celui des autres pays développés. Un capitalisme global qui modifiera profondément le rôle des Etats et des nations dans le monde.
La prochaine utopie
PRÈS de la moitié des enfants qui naîtront en France cette année seront encore vivants quand commencera le XXIIe siècle. Aucun de leurs enfants ne sera plus au travail ; plus de la moitié de leurs petits-enfants et de leurs arrière-petits-enfants seront encore à l’école ou à l’université. Telle est l’extraordinaire prédiction qu’on peut faire au vu des tendances les mieux établies : notre société sera durablement dominée par l’épargne des grands-parents et la consommation des petits-enfants.