Il serait peut-être enfin temps de passer aux choses sérieuses. La France est, comme tous les autres pays développés, confrontée à une crise économique, sociale et financière très grave et bien loin d’être réglée. La dette galope, le chômage s’installe et l’école ne remplit plus sa mission universelle, pour ne parler que de cela. Pendant ce temps-là, les acteurs politiques et médiatiques se concentrent sur une affaire, certes très grave, si les délits sont établis, et qui mérite qu’on en parle, mais qui ne mérite pas d’occulter les enjeux dont dépend le destin de notre pays. Il ne s’agit pas ici de plaider pour l’impunité de qui que ce soit, mais pour que l’arbre ne cache pas la forêt.
Or, c’est un fait terrible aujourd’hui, les grands enjeux ne sont tout simplement pas discutés.
Le débat sur les retraites a été bâclé. On n’a pas vu s’opposer des plans différents. La droite n’ose pas expliquer pourquoi son plan peut être considéré comme injuste. La gauche n’ose pas donner le détail du sien, parce qu’il exige des hausses d’impôts et de durée de cotisations.
Le débat sur la dette n’a pas non plus commencé. Et pourtant, il va bien falloir en parler sérieusement, parce que le pays fonce vers un niveau de dette de 100% du PIB (Produit intérieur brut) qui conduira, si rien n’est fait, à brève échéance, à la prise en main de nos affaires publiques par les fonctionnaires de Bruxelles et du FMI.
De fait, ceux qui occupent le devant de la scène dans notre pays ne s’intéressent qu’à l’élection présidentielle et à la sélection des candidats qui deviennent une fin en soi. Dès qu’une élection a eu lieu, ils ne pensent qu’à la suivante. Et derrière les affaires, se cachent à peine les ambitions des uns et des autres: pour survivre, pour tuer, pour faire de l’audience en racontant la chasse.
Tout se passe comme si, les uns et les autres cherchaient tous les prétextes pour ne pas affronter des choix autrement plus importants pour l’avenir du pays et des Français et il faudra les faire, bien avant 2012.
Où trouver les 75 milliards d’euros, au moins, qui vont manquer dans les trois ans pour maîtriser la dette publique? Comment réformer l’école pour que la moitié des élèves n’arrive plus en sixième sans savoir correctement lire, écrire et compter? Comment réduire la durée du chômage, en particulier celui des jeunes? Comment encourager l’innovation, la créativité? Comment rendre à ce pays l’éclat de son histoire en matière de droits de l’homme?
Je ne suis pas d’un naturel inquiet: un jour, bientôt, très bientôt, on parlera de tout cela sérieusement. Librement. Ou sous la contrainte.
La France est en fait beaucoup plus mûre que ceux qui occupent le devant de la scène. Elle est prête à affronter la réalité. Elle est même prête, au grand dam de beaucoup, à un projet dans lequel presque tous se retrouveraient.