Si l’envie vous prenait, en ces temps de vacances, de suivre les cours d’un coach, qui vous promettrait d’affiner votre silhouette, de vous remettre en forme, et de vous rendre plus agile, accepteriez vous de suivre aveuglement les prescriptions exigences, les exercices pénibles et les pénitences austères d’un coach obèse ? Non, évidemment ; vous lui demanderiez de commencer par s’appliquer à lui-même ses propres conseils avant de les prodiguer à d’autres.
C’est pourtant ce que l’Etat nous demande aujourd’hui : Il n’est pas avare de ses conseils, de ses impérieux conseils, aux contribuables, aux consommateurs, aux salariés, aux électeurs, aux citoyens : Epargnez plus, consommer mieux, ne fumez plus, réduisez votre consommation d’alcool, de pétrole ; acceptez , pour sauver votre entreprise ou votre retraite, de travailler plus longtemps, de réduire l’augmentation de votre salaire, de déménager ; acceptez même la flexibilité, la fluidité, la précarité, la vulnérabilité. C’est une question, nous dit on, de survie pour le pays.
Fort bien ; et certains de ces conseils méritent d’etre suivis. Mais que fait, pour se réformer lui-même, celui qui prétend diriger la vie des autres ? Peu de choses. Beaucoup trop peu de choses. Et quand il les fait, elles sont mal faites. Par exemple, le remplacement, souvent justifié, d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, et la réduction du nombre de directions dans les administrations centrales, pénalisent parfois beaucoup trop les ministères sociaux ; et elles seraient mieux perçues et plus efficaces dans le cadre d’une réforme d’ensemble des fonctions de l’Etat, qui éviterait aussi l’actuelle hémorragie des talents dans la haute fonction publique. Pour le reste, rien ne progresse : la nécessaire fusion des organismes publics est très peu avancée dans certains organismes (Chambres de Commerce, 1% logement, Tribunaux, Organismes de formation professionnelle) et pas du tout dans d’autres (Offices d’HLM, administrations communales et départementales). Rien n’est lancé non plus pour mettre en place une informatisation des services publics digne de ce qui se fait ailleurs. Et si ces réformes n’avancent pas, ce n’est pas, comme on l’entend dire, pour maintenir la qualité du service public, qui se dégrade, mais pour ne pas toucher à des privilèges et des rentes dont seuls bénéficient quelques notables.
Enfin, audace suprême, on parle en plus, pour financer la prolongation de ces gaspillages, d’un nouvel emprunt, qui sera naturellement financé, au bout du compte, par ceux à qui on demande aujourd’hui d’accepter la réforme de leur train de vie et la réduction de leur pouvoir d’achat.
C’est évidemment inacceptable. Et la moindre des choses serait que l’Etat s’engage, en signe de bonne volonté, à rembourser cet emprunt nouveau, et à servir les intérêts de sa dette, par des économies sur son train de vie. Les réformes à faire sont connues. Elles ont été déjà étudiées en détail et on sait très bien ce que peut rapporter une meilleure efficacité de gestion des services publics.
C’est pendant l’été, au moment où se fixe le budget pour l’année prochaine, que tout peut encore se décider. Si rien n’est fait, les citoyens pourraient un jour licencier leur coach. Et se prendre en main.