Deux objectifs mobilisent l’attention de la plupart des gouvernements et des médias du monde développé : stabiliser le climat et relancer la croissance.
On ne se rend pas assez compte que ces deux objectifs, tels qu’ils sont recherchés aujourd’hui, sont totalement contradictoires.
D’abord parce que la croissance (et plus généralement la production, telle qu’elle est organisée aujourd’hui) aggrave les menaces sur le climat en émettant toujours d’avantage de gaz à effet de serre (même si on pense ce qui est mon cas, que les activités humaines ne sont pas la seule cause, ni peut être même la principale, des dérèglements actuels). Ensuite parce que la façon dont s’organise trop souvent la protection du climat aggrave la récession. Ainsi, au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, on interrompt aujourd’hui d’innombrables investissements porteurs de croissance et d’emplois. Parfois de façon illégale, comme en France, où des groupes de pression réussissent à remettre en cause des investissements décidés selon des procédures démocratiques. Ou légale, comme en Allemagne, où est mise en œuvre une politique énergétique folle et hypocrite qui, sous prétexte de ne plus produire de gaz à effet de serre, fait dépendre toute la production de l’industrie allemande du charbon polonais et du nucléaire français.
Ou encore, comme dans les pays émergents, à qui on enjoint poliment de rester pauvres pour ne pas nuire à notre climat.
A suivre cette logique, aucune infrastructure ne pourra plus être modernisée, aucun immeuble de grande hauteur, aucune gare, aucun aéroport, aucun port ne pourra plus être construit. Aucune ville ne pourra vivre de nuit ; personne ne pourra travailler le dimanche, puis les autres jours. C’est la dépression assurée.
On pourrait même un jour, dans une pure folie comptable, décider de ne plus produire, de ne plus avoir d’enfants, pour ne plus nuire à la nature.
A ce rythme, et puisque l’évolution du climat dépend surement aussi d’autres facteurs, on risque de n’avoir ni croissance ni stabilisation du climat.
On pourrait même avoir, à l’inverse, une très forte croissance dans les pays bénéficiaires du réchauffement climatique, comme la Russie et le Canada, dont de vastes espaces vont devenir habitables et cultivables.
Dans cette logique, 2015 risque d’être l’année de toutes les illusions : celle d’une maîtrise du climat par un accord à Paris en décembre, qui sera d’autant plus contraignant que l’horizon en sera lointain. Tous les gouvernements signeront avec entrain des promesses pour 2060. Aucun dirigeant d’aujourd’hui ne sera plus là pour rendre des comptes, et en particulier le gouvernement français qui présidera cette conférence et qui a de fortes chances de ne plus être là dans trois ans. De même, pour la croissance, les gouvernements se contenteront vraisemblablement d’applaudir à l’action de la Banque Centrale Européenne, dont le rôle ne peut être, pourtant, que de donner aux hommes politiques du temps pour décider, pour changer de modèle de développement.
La vraie solution, si on osait, est pourtant simple : lancer d’immenses investissements dans les secteurs et les technologies économes en énergie fossile, dans l’agriculture biologique, dans les réseaux de transports d’informations, l’économie collaboratives, les hologrammes, les imprimantes 3D, le nucléaire, l’éolien de haute mer et tant d’autres, telles mêmes, celles qui permettront de capturer les gaz à effet de serre.
En particulier, la France a besoin de ports, de canaux, de réseaux de fibres, d’immeubles autoproducteurs d’énergie.
Telle devrait être l’attitude : l’avenir est dans un progrès réorienté. Pas dans l’obscurantisme.