Après le dernier sommet de l’Union Europeenne, qui fut un désastre pour les pays endettés, voici qu’arrive le sommet du G20, qui ne s’annonce guère mieux.
Les décisions de ce sommet européen calamiteux reviennent en effet à augmenter la dette de tous les pays européens, par la garantie qu’ils doivent maintenant se donner les uns aux autres, à les soumettre au diktat du parlement d’un des pays membres (à peine moins endetté que les autres), et à pousser les banques à réduire leurs crédits pour reconstituer leurs fonds propres, ce qui conduira immanquablement à une récession, qui réduira les recettes fiscales, aggravera encore plus l’endettement public et affaiblira plus encore les banques ; en attendant la prochaine crise.
Le prochain sommet du G20, dont on sait l’importance que j’y attache, sera l’occasion pour tous pays non-européens de faire comme si tous leurs maux venaient de l’Europe. On y entendra les Etats-Unis soutenir que leur crise est terminée et que tout irait bien dans le monde si l’Europe avait réglé ses problèmes. On entendra la Chine, courtisée par tous les pays en déficit, obtenir en échange de son soutien qu’on ne parle pas de son taux de change, pourtant beaucoup trop bas. On entendra les pays du Sud se plaindre des dérèglements des marchés agricoles. Et tous prendront de nouveaux engagements sur le contrôle de leurs banques, la réduction des bonus de leurs traders, la maîtrise des activités de leurs spéculateurs, la réduction de leurs dettes publiques et le contrôle de leurs paradis fiscaux.
Naturellement, il serait cruel de rappeler ici les innombrables fois où ces soi-disant décisions ont été déjà prises. Il serait tout aussi cruel de demander à ces dirigeants de prendre conscience que le G20 ne peut rien sur aucun des sujets dont il traite : ni la finance, ni l’économie, ni l’environnement, ni la pauvreté.
Et encore moins sur la démographie, pourtant sujet majeur : on fête cette semaine la naissance du 7 milliardième humain et on va tout droit vers 9 milliards dans 40 ans, sans avoir la moindre idée de la façon de leur donner à manger et à boire, de les transporter et de les loger ; ni, à l’inverse, sans avoir non plus la moindre idée de la façon dont on pourrait payer nos dettes si la natalité mondiale se réduisait brutalement, c’est-à-dire si la population de la planète vieillissait massivement.
Sur tout cela, les dirigeants réunis à Cannes (en fait près de 40, sans compter tous ceux qui s’invitent, ou se réunissent dans l’ombre de ce caravansérail) devraient avoir au moins l’honnêteté de reconnaître qu’ils n’auront aucun pouvoir tant qu’ils s’en tiennent à des réunions aussi informelles. Et qu’ils acceptent enfin de mettre fin à ces sommets inutiles et de confier la responsabilité de traiter de ces problèmes à des institutions supranationales, démocratiquement constituées, dotées de moyens financiers et coercitifs crédibles.
Il faudrait donc faire cette semaine à l’échelle du monde très exactement ce que les Européens n’ont pas voulu faire la semaine dernière à l’échelle de leur Union.
Naturellement, on n’en fera rien : on se congratulera et on se donnera rendez vous au prochain sommet du G20, en octobre 2012, à Mexico. D’ici là…