Le G20 de Pittsburgh ressemblera à s’y méprendre à celui de Londres.
A la veille de Pittsburgh, comme pour Londres, on dira que la situation s’améliore : de fait, la Bourse va mieux, la production industrielle augmente, l’optimisme est partout, le goût du risque revient : ainsi, lors des six derniers mois, le coût de la protection contre la faillite éventuelle de Bank of America, de Goldman Sachs et de 14 grandes entreprises industrielles a baissé des deux tiers.
Comme avant Londres, tout le monde aura intérêt aura le croire, car chacun a des échéances électorales. Cette fois, le président Obama patauge devant le Congrès, qui lui refuse toute réforme, sur le contrôle des banques comme sur la santé ; et Angela Merckel est soumise à reconduction deux jours après Pittsburgh…
Comme avant Londres, la situation est en réalité extrêmement difficile . La production demeure très inférieure à ce qu’elle était avant la crise. Le chômage augmente et augmentera, en particulier en Allemagne, en France et en Italie, pays où, selon l’OCDE, le redressement de l’emploi sera «beaucoup plus long que celui de la production » et aboutira à « une crise sociale à part entière ». Les fonds propres des banques restent plus que jamais insuffisants. Les produits dérivés sont toujours là, sans aucun contrôle, constituant l’essentiel des activités rentables de bien des banques. La dette publique continue d’augmenter partout, à tel point qu’il est maintenant, et pour très longtemps, impossible aux Banques Centrales d’augmenter leurs taux d’intérêt, ce qui les prive du pouvoir de lutter contre l’inflation, si elle se déclenche un jour, comme c’est vraisemblable.
Comme à Londres, 27 chefs d’état (et non 20) et presque autant de patrons d’institutions internationales se réuniront pendant deux jours et s’exprimeront chacun pendant moins d’une demi heure. Comme à Londres, ces dirigeants débattront longuement d’un sujet présenté comme essentiel, qui fait aisément scandale et sur lequel ils peuvent faire croire qu’ils ont quelques moyens, mais qui n’a, en fait, qu’un rapport très lointain avec la récession: à Londres, ce fut les paradis fiscaux, facilement dénoncés ; à Pittsburgh, ce sera les bonus des traders, mis au pilori. Comme à Londres, on prendra quelques décisions bien visibles à leur propos. Et comme à Londres, ces mesures n’auront aucun impact sur la crise et seront contournées : les traders, comme les fraudeurs du fisc, débordent d’imagination…
Comme à Londres, on prendra des décisions, qu’on n’appliquera pas, sur les fonds propres des banques et sur la régulation systémique. Et comme à Londres, on n’en prendra pas sur les menaces de demain : la fragilité des banques, le retour des activités spéculatives, l’absence de contrôle des acteurs financiers non bancaires, tels les fonds d’investissement et les compagnies d’assurance.
Comme à Londres, on prendra mille et une photos, on se congratulera, on se quittera. Puis les dettes publiques continueront d’augmenter, les institutions financières seront de plus en plus instables, le chômage augmentera. Et un jour, sans doute, devant un nouveau désastre, il faudra agir. On se retournera alors vers les gouvernements : exsangues, ils ne répondront plus. Il n’y aura plus, alors, de G 20