Même si le G20 n’a pas été le succès que tout le monde voudrait croire, au moment où les déficits et le chômage se creusent dans tous les pays développés, une autre réunion, la veille, à New York, a abouti à une décision remarquable: le Conseil de Sécurité des Nations Unies, réuni au sommet en véritable gouvernement mondial institutionnel, a pris à l’unanimité la décision, dans sa résolution 1887 « de rechercher un monde plus sécurisé pour tous et de créer les conditions pour un monde sans arme nucléaire ». Formidable ambition : faire disparaitre, vingt ans après la chute du mur de Berlin les 23. 574 armes nucléaires qui s’y trouvent (dont 12.987 en Russie, 9.552 aux Etats-Unis, 300 en France, en 192 en Grande Bretagne, 176 en Chine et quelques autres centaines en Israël, en Inde et au Pakistan).
Cette résolution 1887, sans nommer explicitement l’Iran et la Corée du Nord, réaffirme même que des sanctions sont possibles à leur encontre, s’ils continuent à chercher à en produire ; l’ONU a par ailleurs adressé à l’Iran un ultimatum exigeant l’arrêt d’ici à la fin de l’année de tout enrichissement en uranium sous peine d’un boycott de ses exportations de pétrole raffiné, ressource vitale pour le pays. Tous les membres du Conseil de Sécurité s’y sont rallié ; et même le président russe, Dimitri Medvedev, jusqu’ici très hostile aux sanctions, a fait savoir que la sanction « serait désormais inévitable ». On pourrait donc penser que nous sommes entrés dans le meilleur des mondes.
Et pourtant, pour l’instant, tout cela n’est qu’un rêve, une manifestation de l’irénisme qui domine parfois l’idéologie occidentale, conduisant à tolérer des menaces par désir exagéré de la conciliation, par refus de faire l’effort d’admettre l’existence des menaces, par optimisme démesuré ; par idéologie aussi, dans une vision du monde d’où auraient disparu toutes les sources de conflit, sous prétexte que des démocraties ne se seraient jamais fait la guerre et que les économies de marché ont trop d’intérêts croisés pour s’affronter.
C’est illusoire : D’abord parce que la Première Guerre mondiale fournit un exemple inverse. Ensuite parce que plus les nations se ressembleront, en devenant toutes des démocraties de marché, plus elles se trouveront en situation de rivalité mimétique, et donc de violence potentielle.
Ensuite, parce que la réduction des armes concernera d’abord la France, qui aura à réduire son stock au dessous de son seuil de crédibilité, perdant ainsi sa souveraineté, tandis que les autres en auront encore assez pour rester crédibles et se protéger.
Ensuite encore parce qu’il ne sert à rien d’interdire l’arme nucléaire si on ne proscrit pas en même temps efficacement les armes bactériologiques, nanotechnologiques et chimiques ; et si on ne mate pas le terrorisme, les Etats voyous, et les autres pirateries et mafias, de plus en plus florissantes.
Enfin parce que cette arme, entre les mains de démocraties, reste la meilleure garante de la paix mondiale, aussi longtemps que n’existe pas une force de police planétaire efficace et crédible, au service d’un véritable gouvernement mondial, auquel tout ramène.