Malgré le matraquage médiatique, et mis à part les commentaires laudatifs de quelques hommes politiques, pas un spécialiste compétent ne peut prendre au sérieux ce qui s’est joué à Pittsburgh.
Certes, et très largement grâce à Nicolas Sarkozy, le G 20 a eu lieu, et c’est mieux que rien. Mais ce n’est pas nouveau : Depuis exactement 20 ans, avec le sommet de l’Arche, qui s’est tenu le 14 juillet 1989, a Paris, des chefs d’état du sud participent au G7 devenu G8. Et les pays du Sud, à Pittsburgh n’ont fait que réaffirmer, comme depuis des années, la nécessité de renforcer la place de l’Inde et de la Chine, dans le FMI, au détriment de l’Europe, sans que les Etats-Unis y perdent leur droit de véto et sans que l’Afrique subsaharienne, absente du G20, ne soit correctement représentée.
Certes, grâce aussi très largement au Président français et à Christin Lagarde, le diagnostic de la crise fut pour la première fois correctement posé: l’insuffisance des fonds propres et du contrôle des banques.
Mais, comme on pouvait le prévoir, rien de concret n’a été décidé pour pallier à ces causes. Et encore moins pour remédier a ses conséquences. Et bien moins encore pour éviter son retour.
D’abord, rien n’est prévu pour mettre en œuvre des déclarations d’intention promettant, pour palier aux causes de la crise, d’harmoniser les fonds propres des banques européennes et américaines des banques… en 2012 : Comme si , face à un incendie, on assurait que tout est réglé parce que on promet que les pompiers passeront demain. De plus, le G 20 souhaite que les fonds propres nécessaires pour couvrir les risques de la spéculation pour compte propre soit plus élevés. Mais, là encore, des mots : aucune décision ne précise quelle instance mettra cela en place. Et même si cela était le cas, ce communiqué enterre définitivement la nécessaire séparation entre les métiers de banquier commercial et de banquier d’investissement, dont la confusion est pourtant à la racine de la crise. Rien non plus sur la régulation des métiers financiers non bancaires. Aucun progrès, au total, vers la mise en place d’une Organisation Mondiale de Finance, qui seule pourrait transformer ces judicieuses promesses en réalité.
Ensuite, rien sur les conséquences de la crise : rien sur les déficits publics (8% au moins cette année en France, et plus de 13% aux Etats-Unis !) ni sur le chômage, ni sur l’équilibre des monnaies, ni sur l’aide aux pays d’Afrique subsaharienne.
Enfin, rien pour éviter le retour de la crise, qui exigerait de pousser l’Occident à épargner d’avantage, à améliorer sa productivité, à former des talents, à remplacer des matières premières rares et polluantes par des progrès techniques.
En fait, ce G20 fut une manifestation d’un monde qui évolue vers un dialogue entre la Chine et les Etats-Unis, vers un G2, qui reconnait son impuissance à régler la crise, qui avoue que, faute de crédits des banques aux entreprises, la relance publique devrait continuer à faire vivre le monde à crédit, laissant aux contribuables de demain le soin payer les pertes des banquiers d’hier et les bonus des banquiers d’aujourd’hui.