Le prochain sommet du G 20, à Seoul, dans les premiers jours de Novembre, s’annonce sous les plus mauvais auspices. Et l’année de présidence française qui suivra n’est pas plus prometteuse.
D’abord, cette réunion aura lieu alors que les précédents sommets n’ont pas réussi à mettre fin à la récession, mais seulement à transférer une partie de la dette privée sur la dette publique. Aucune réglementation internationale n’a été mise en place, contrairement à ce qu’on raconte, ni sur la comptabilité, ni sur les fonds propres des banques, ni sur la spéculation à nue. Rien. Aucun moteur nouveau de croissance réelle n’est apparu.
Face à la poursuite de la récession, et aux scandales financiers nouveaux, les Américains s’endettent de façon illimitée, en faisant marcher la planche a billets ; les Européens se contentent de juxtaposer des plans d’austérité sans aucune stratégie globale ; les Chinois s’entêtent à protéger leur capacité de dumping et à accumuler des capitaux. Le G20, faute de procédures claires de décision, ne remplit pas son rôle de coordonateur et n’est, plus que jamais, qu’un masque de la toute puissance des Etats-Unis et de la Chine, un masque d’un G2.
La suite est aussi prévisible: la guerre des monnaies, la fermeture des marchés des capitaux, la hausse des matières premières et une nouvelle dépression générale.
C’est d’autant plus absurde que l’humanité n’a jamais connu de telles promesses de croissance: une démographie encore dynamique, une épargne considérable, des progrès scientifiques vertigineux, un monde de plus en plus ouvert, démocratique et pacifique, malgré quelques zones de violence.
Pour en bénéficier, il est urgent de changer radicalement de perspective et de transformer ces promesses en nouveaux facteurs de développement.
La présidence française du G20, au lieu de se lancer dans un bataille perdue d’avance, parce que prématurée, pour la mise en place d’un système financier mondial, devrait lancer à ses partenaires quelques grands défis salvateurs, pour que l’humanité transforme des progrès scientifiques en de nouveaux objets de consommation à la disposition de tous : bien des sujets sont possibles, de la santé à l’éducation ; le plus urgent serait la mise au point d’une pile électrique efficace, permettant de produire une voiture électrique d’un prix raisonnable.
L’humanité aurait tout à y gagner : une voiture réellement commercialisable sans pétrole représenterait un facteur durable de croissance mondiale et la vraie solution au problème des émissions de gaz carbonique.
La France, pays de naissance de l’industrie automobile, aurait toute légitimité pour faire une telle proposition. Encore faudrait-il que l’Etat y reconstitue au plus vite une expertise industrielle dont il s’est privé depuis trop longtemps par pure idéologie.
Un tel projet pourrait être financé en commun, par des grands emprunts mondiaux, mettant en relation des entreprises de pointe du monde entier ; sur le modèle d’Eureka en Europe. Il permettait de partager les couts et les bénéfices d’une avancée d’intérêt général et de faire ainsi mieux comprendre l’immense avantage que représenterait pour chacun une humanité rassemblée.