Il est particulièrement facile, en ce début d’août 2014, d’être pessimiste pour l’avenir de l’Occident. Il suffit de regarder notre planète ; et d’observer le mauvais rôle qu’il y joue :
J’enrage de voir se répandre les guerres civiles en Irak, en Syrie, en Lybie et ailleurs, largement provoquées par l’inconscience d’Occidentaux qui se sont crus capables d’y faire naître des démocraties sans s’en donner les moyens.
J’enrage de voir un virus terrifiant se répandre à grande vitesse à travers l’Afrique, parce que l’Occident, égoïste, croit qu’il ne sera pas concerné par le fléau et qu’il ne fait aucun effort pour fournir à ces pays les moyens de la prévention.
J’enrage de voir le gouvernement d’Israël, avant-poste de l’Occident, tomber dans tous les pièges que lui tendent les extrémistes du Hamas, tirer aveuglément sur des civils palestiniens, qui devraient pourtant être ses principaux alliés, et déclencher ainsi, à travers le monde, des milliers de réflexes antisionistes, antisémites et antioccidentaux.
J’enrage d’assister au retour, en Europe même, de la guerre froide, parce que les Européens s’accrochent à une vieille doctrine antisoviétique, pour décréter contre la Russie, sans preuve, un embargo qui, comme à chaque fois, ne profitera qu’à un tiers, ici la Chine, organisant l’alliance contre l’Occident de régimes autoritaires.
J’enrage de voir l’Europe incapable de s’organiser pour devenir enfin en pratique la première puissance du monde, qu’elle est depuis des siècles en théorie.
J’enrage enfin de voir l’actuel gouvernement français, comme ses prédécesseurs, continuer de procrastiner devant les réformes inévitables, sans lesquelles chacun sait que le pays est condamné au pire.
J’enrage au total, de voir la civilisation occidentale, issue de la rencontre judéo-grecque, renforcée par les apports successifs du christianisme et de l’islam, transcendée par les Lumières, toute entière tendue vers la conquête des libertés, se révéler pour l’instant, par son égoïsme, son aveuglement, son obsession du court terme, incapable de démontrer au monde qu’elle vaut bien mieux que l’obscurantisme de ses opposants. Et se trouver en situation de perdre la grande guerre idéologique qui a commencé entre la liberté et la fatalité, la modernité et la tradition, la joie de vivre et la terreur. La raison et l’obscurantisme.
Et pourtant, malgré cela, on ne doit pas baisser les bras. Parce que jamais les valeurs de l’Occident n’ont été plus unanimement idéalisées par toutes les jeunesses du monde. Parce que l’Histoire du monde avance, contre vents et marées, avec parfois des mouvements de recul difficiles, vers la liberté dont l’Occident est le seul véritable défenseur. Parce que c’est en Occident que se fait encore l’essentiel des découvertes scientifiques et des innovations capables de résoudre les grands défis de demain. Parce que l’Occident, à son meilleur, est capable d’apprendre des magnifiques autres civilisations du monde. Enfin, accessoirement, parce que l’Occident est, de très loin, et pour longtemps encore, la première puissance économique, technologique et militaire du monde.
Alors, les démocrates, les républicains, de droite comme de gauche, ne doivent pas abandonner aux nationalistes et aux populistes la glorification des valeurs de l’Occident. Ils n’en sont pas dignes.
Tout cela peut sembler évident. J’ai l’intuition qu’il faudra, bientôt, avoir le courage de le redire haut et fort.