Les défis que devront affronter la France et les Français à partir de 2012 sont gigantesques : une dette publique égale au PIB ; 4 millions de chômeurs ; 70 milliards d’euros de déficit extérieur, une perte vertigineuse de compétitivité ; une désindustrialisation extraordinairement rapide ; des choix énergétiques et environnementaux incertains ; une pauvreté de plus en plus étendue ; une précarité gagnant les classes moyennes. Sans parler d’autres signes de déclin : l’insécurité, l’obésité, les addictions, la corruption, avec, en plus, d’immenses problèmes européens et mondiaux.
Le débat des élections présidentielles devra aborder sérieusement tous ces sujets, valoriser les atouts de la France et choisir les meilleurs moyens de les mettre en oeuvre. Il faut pour cela que les deux principaux candidats qui s’affronteront soient à la hauteur de ces enjeux.
On connaît le nom, les forces et les faiblesses du champion de la droite : Nicolas Sarkozy. Reste maintenant à choisir celui de la gauche.
La primaire socialiste, qui va le désigner, a au moins le mérite d’exister. Et même si on n’y a débattu d’aucun des problèmes de sécurité nationale qui occuperont en priorité le futur président, elle a permis de comprendre que cinq des six candidats peuvent, ou pourront un jour, aspirer légitimement à la fonction présidentielle.
Pour choisir le meilleur aujourd’hui, parmi ceux qui en ont la compétence, un seul critère me semble s’imposer en ces temps difficiles : sa capacité à rassembler ; c’est à dire à être en empathie avec le pays, à comprendre ceux qui ont des intérêts contradictoires, à unir les Français, pour les engager en confiance dans un projet à la hauteur de leur Histoire.
Selon ce critère, un candidat s’impose, à mon sens : François Hollande.
Je ne le choisis pas parce qu’il est un ami : d’autres candidats le sont tout autant ; ni parce qu’il a travaillé auprès de François Mitterrand, dans l’opposition dès 1980 et à l’Elysée, à partir de 1981.
Mais parce qu’il est le meilleur rassembleur : les autres candidats tranchent, clivent, antagonisent. Chacun à leur manière, ils ont tous choisi de se construire par ce qui les distingue d’une autre partie de la gauche et du pays. Et même ceux ou celles qui se donnent des allures de rassembleur, n’en sont pas, ou ne sont pas en situation de l’être.
Cette capacité de rassembler ne doit pas priver le candidat de la volonté de décider vite, qui sera aussi essentielle : rassembler n’est pas procrastiner. Et Francois Hollande me semble être celui des six qui a le plus réfléchi à ce qu’exige la fonction présidentielle : le devoir, après avoir beaucoup écouté, de décider seul et vite.
Reste à connaître, le moment venu, son programme. Il devra être réaliste, juste, audacieux, courageux. Il ne devra surtout pas être un catalogue de promesses intenables et de compromis avec des groupes de pression, mais un projet, clair, inscrivant la France dans le nécessaire progrès de l’intégration européenne, tout en protégeant son identité et sa conception de la justice sociale. Il devra repenser un modèle de développement, aujourd’hui dépassé, et faire de la démocratie, de la transparence, du désendettement, de l’emploi, de la santé, de l’école et de la compétitivité, les sept chantiers majeurs de son mandat.
En mai prochain, c’est à cela que les Français le jugeront, face à un adversaire redoutable, qui ne manquera pas d’arguments, et qui pourra se targuer d’avoir beaucoup appris en conduisant la France en des temps très difficiles.
De tout cela, on reparlera.