Partout dans le monde, le débat sur le sort fait aux femmes prend de l’ampleur, dans toutes ses dimensions, économiques, politiques, sociales et morales. Il en est une, cependant, dont on parle moins que les autres et qui pourtant, conditionne tout : l’éducation des filles. Aujourd’hui, elles forment l’essentiel des 800 millions d’analphabètes. Elles sont beaucoup moins nombreuses que les garçons à aller à l’école. Et quand elles y vont, elles y vont moins longtemps, et dans de moins bonnes écoles.
Pourtant, rien n’est plus important, pour l’avenir de l’humanité, que leur éducation.
D’abord, toutes les études démontrent que l’éducation des filles est le meilleur investissement économique et social possible pour un pays : Plus les filles vont à l’école, plus augmente l’espérance de vie maternelle et infantile , plus les enfants ont ensuite un accès régulier à de l’eau potable et à des pratiques saines pour les toilettes, et plus régressent les maladies sexuellement transmissibles. De même, plus les filles sont éduquées, moins elles ont d’enfants : quatre ans d’étude en plus, c’est un enfant de moins. Enfin, plus les fillettes vont à l’école, plus leurs propres enfants réussiront plus tard à l’école, car éduquer une fille, c’est éduquer ses enfants, alors qu’éduquer un garçon, ce n’est que l’éduquer lui-même, car il est peu vraisemblable que, devenu adulte, un garcon s’occupera de l’éducation de ses enfants.
Les études quantitatives abondent pour conforter ces analyses, sur tous les continents. Par exemple, une étude de la Banque mondiale en Afrique montre que les enfants des femmes ayant bénéficié de 5 ans d’études primaires ont 40 % de chance de plus que les autres de survivre à leur prime enfance que ceux des femmes ayant moins d’études. Et toutes les études le confirment, en d’autres régions, et pour d’autres dimensions.
Plus encore, développer l’éducation des filles, c’est leur donner les moyens d’avoir plus de pouvoir dans la société. Or, en général, les femmes sont plus préoccupées de l’avenir que les hommes, parce que les mères sont, dans la plupart des civilisations, plus concernées que les pères par l’avenir de leurs enfants. Plus encore, elles trouvent leur bonheur dans celui qu’elles donnent aux enfants et comprennent donc, avant les hommes, le plaisir qu’on peut tirer de l’altruisme, dont dépend la survie de l’humanité. Les études, là encore le démontrent : là où la place des femmes est plus importante, la société est plus positive, c’est-à-dire qu’elle consacre plus d’argent aux investissements, s’endette moins et se préoccupe plus de l’environnement.
Pour les hommes, le moment est venu de se rendre compte, partout dans le monde, qu’ils n’ont rien à y perdre : les femmes ne prendront pas leurs places ; elles en créeront de nouvelles. Elles inventeront de nouveaux métiers, de nouveaux besoins, de nouveaux services.
Enfin, il faut aller au-delà et ne pas en faire une guerre des sexes, mais un changement de mentalité ; Et il faudra sans doute un siècle, au moins, pour que chaque homme se rende compte qu’il est une femme comme une autre.
Si on n’y parvient pas, les femmes, pour réussir, se résigneront à employer les mêmes moyens que les hommes : elles se débarrasseront progressivement des contraintes de la maternité ; et la planète deviendra une juxtaposition d’individus asexués et narcissiques, ayant fait de la virilité leur utopie.
Ce qui se joue en ce moment n’est donc pas un conflit de genres, mais une mutation chaotique et complexe vers la mise en avant, chez chaque etre humain, quelque soit son sexe, des valeurs positives du respect de la vie.