Pour tous ceux qui travaillent ou étudient, la rentrée de septembre signifie un vrai recommencement. Chacun s’y prépare à sa façon, pour ce qui le concerne ; mais nul ne peut oublier que l’évolution dans les mois à venir de beaucoup de dimensions de la vie des Français dépendra aussi de leur capacité à se mobiliser pour faire entendre collectivement un point de vue : le sort des retraites est ainsi largement conditionné par la façon dont les syndicats réussiront à mettre en mouvement leurs adhérents, et au-delà les salariés, pour qu’ils se joignent aux grandes manifestations prévues pour le 7 Septembre contre le projet de loi gouvernemental. L’évolution des salaires en 2011, (qui semblent condamnés, au mieux, à la stagnation alors que les profits des entreprises n’ont jamais été si énormes) , dépend de la façon dont les salariés sauront faire valoir leurs droits, entreprise par entreprise, en se syndiquant, en négociant, et, si nécessaire, en faisant grève . De même, le sort des roms, et celui des gens du voyage (deux questions qui n’ont en fait aucun rapport) dépendra aussi très largement de la façon dont les Français voudront se manifester pour empêcher, ou au moins ralentir, ces expulsions d’un autre âge. De la même façon, le relogement des familles mal logées dépendra de l’éventuelle mobilisation de ceux qui voudront faire appliquer dans leur commune la loi DALO, qui garantit en principe un logement décent à tout résident ; le respect de l’environnement dépendra de la façon dont chacun voudra et saura se mobiliser pour faire fermer telle usine polluante ou pour faire respecter telle législation protectrice. Le maintien d’une école, d’un hôpital, dépendent, eux aussi, de la capacité des usagers à se faire entendre collectivement.
Dans notre pays, ce genre de combat peut paraitre illusoire : les Français sont des sujets, rarement des acteurs de la politique ; ils grognent, ils votent ; et quand ils ne sont vraiment pas contents, ils font la révolution.
De fait, peu de Français sont syndiqués ; moins encore moins sont membres de partis politiques. Et, si un très grand nombre d’entre eux sont membres d’associations sportives ou culturelles, très peu participent à la vie d’associations ayant un impact réel sur la vie de la cité.
La droite en profite, mobilisant ses électeurs autour des thèmes de sécurité, sans qu’il soit nécessaire pour cela de les faire descendre dans la rue : pour manifester en faveur de la sécurité, il suffit de se barricader chez soi.
La gauche, elle, se tait sur ces sujets, pour ne pas paraitre laxiste ; et elle ne parle pas d’avantages des autres enjeux, n’ayant aucun projet sérieux de recrutement, ni même de mobilisation, autour de ses propres thèmes : la santé, les retraites, le pouvoir d’achat, l’emploi.
Ainsi commence, sans le dire, la campagne présidentielle : dans une démobilisation des foules de gauche, et une mobilisation des idées de droite.
A la fin, ce sont toujours les idées qui finissent par entrainer les foules.