Penser la France
En cette période de fêtes, où vont se multiplier les conversations en famille et entre amis, le moment est propice pour poser les fondements de projets d’avenir. Chacun, à un moment ou un autre de cette quinzaine, posera le bilan…
En cette période de fêtes, où vont se multiplier les conversations en famille et entre amis, le moment est propice pour poser les fondements de projets d’avenir. Chacun, à un moment ou un autre de cette quinzaine, posera le bilan…
Ainsi, nous dit-on, les démocraties européennes seraient moribondes. Elles seraient passés, au mieux, sous la tutelle de technocrates venus de Bruxelles ou de Francfort ; au pire, sous celle des marchés. Et tout cela, naturellement, serait la faute de l’euro, de l’Union Européenne, des banques et de bien d’autres gens. Pas la notre.
La pire chose qui pouvait arriver à la France en ce moment est d’être au début d’une campagne présidentielle et d’avoir un président rééligible. Alors que l’Etat doit prendre des décisions extrêmement graves, les élites politiques vont s’entredéchirer pendant six mois sur des programmes chaque jour d’avantage dépassés par une situation en évolution très rapide.
Quand la fille du fondateur de L’Oréal, Madame Liliane Bettencourt, demande que sa tutelle et la gestion de son patrimoine, imposées par un juge, ne soient pas exercées par sa fille Françoise, mais par un seul de ses deux petits fils, Jean-Victor Meyers, ce n’est pas seulement un nouvel épisode dans l’interminable feuilleton qui déchire une des familles les plus riches du monde.
On va sans doute réussir à passer à coté de la catastrophe. Après avoir résisté si longtemps, pour plaire aux lobbys bancaires, on va mettre en place, avec beaucoup de retard les instruments minimaux pour résister un temps à la crise. Sans rien régler au fond, parce qu’on ne se sera pas attaqué à la racine des problèmes, qui est l’absence d’un état de droit mondial.
Les défis que devront affronter la France et les Français à partir de 2012 sont gigantesques : une dette publique égale au PIB ; 4 millions de chômeurs ; 70 milliards d’euros de déficit extérieur, une perte vertigineuse de compétitivité ; une désindustrialisation extraordinairement rapide ; des choix énergétiques et environnementaux incertains ; une pauvreté de plus en plus étendue ; une précarité gagnant les classes moyennes…
Il n’est pas qu’en matière financière que cette présidence de la France se caractérise par une agitation extrême, suivie d’une longue période d’inaction, justifiée en permanence par la soi-disant complexité de la situation, parachevée en fin de mandat par la redécouverte des problèmes du début et par une avalanche de discours sur l’urgence de faire quelque chose.
On voudrait profiter d’un post estival pour faire une pause et ne parler ni de la comédie des dettes publiques en Europe, ni de la quasi-faillite des Etats-Unis, ni de l’interminable guerre en Lybie, ni des horribles massacres en Syrie, ni de la famine impitoyable en Somalie, en Ethiopie et ailleurs, ni des fuites radioactives toujours très inquiétantes dans la centrale de Fukushima. Ni du désespoir des sans abris, en France même.