Depuis vingt ans, le monde a changé ; il serait temps de s’en rendre compte et d’en prendre la mesure. En particulier, de comprendre les conséquences de la formidable expansion, dans le monde tout entier, du champ de liberté individuelle, et de ce qui en découle : l’économie de marché et la démocratie. Et de ce qui en découle encore : un grand mouvement à venir des choses et des gens.
Une des premières manifestations de l’économie de marché est la liberté de circulation des marchandises ; elle suppose et entraine celles des services, et des capitaux. Et demain, ces mouvements vont beaucoup augmenter, pour assurer le financement de l’économie mondiale, par le transfert massif de l’épargne des créanciers vers les emprunts des débiteurs.
Une des premières manifestations de la démocratie est la liberté de circulation des personnes. Les dictatures se reconnaissent d’ailleurs à l’interdiction de sortir qu’elles imposent à leurs citoyens : on connait les refuzniks dans l’ancienne Union Soviétique, les boat people au Vietnam, les balceros à Cuba. Demain, les mouvements de gens ne feront qu’augmenter, si, comme c’est vraisemblable, la liberté individuelle continue de s’étendre : le nombre de gens qui voudront, ou devront, aller vivre dans un autre pays que celui où ils sont nés passera de 200 millions aujourd’hui à plus d’un milliard dans 30 ans, sans même tenir compte de ceux qui auront à se déplacer pour de tragiques raisons climatiques.
Ces deux libertés s’auto-entretiennent : la démocratie a besoin du marché et réciproquement. On ne pourra avoir de liberté durable de circulation des marchandises et des capitaux sans libre circulation des personnes. On ne pourra pas continuer durablement à exiger de pouvoir acheter des objets produits à bas coût ailleurs sans autoriser un jour ceux qui les produisent à venir travailler chez ceux dont ils constatent le niveau de vie dans tous les médias auxquels ils ont accès. La libre circulation des marchandises finira donc par entrainer un formidable mouvement de personnes.
Ces mouvements ont commencé. On en voit les manifestations à toutes les frontières du monde, et en particulier à l’intérieur et aux portes de l’Europe. Non seulement parce que les Africains et les Moyens-Orientaux s’y précipitent, mais aussi parce que les Européens sont les premiers à quitter leur pays quand ils ne s’y sentent pas bien : personne ne prétend, et c’est heureux, le leur interdire.
Il faut donc s’apprêter à recevoir en Europe beaucoup plus d’étrangers que par le passé ; c’est inévitable, sauf à fermer nos frontières aux marchandises venues d’ailleurs et à remettre en cause la démocratie. Et c’est très bien ainsi : l’Europe a besoin de population, pour se rajeunir, pour exercer les métiers dont les Européens ne veulent plus.
En particulier, la France résulte de centaines de vagues d’immigration, à commencer par le peuple qui lui donne son nom. Aujourd’hui, la poursuite de cette immigration y est, comme ailleurs, la condition du retour de la croissance et de l’emploi.
Pour que cela ne constitue pas un choc insupportable, pour que cela n’entraine pas le refus, avec l’immigration, de l’économie de marché et de la démocratie, il est urgent, essentiel, d’en fixer consciemment les limites, bien plus élevées qu’aujourd’hui, d’oser expulser sans état d’âme ceux qui viendraient sans y être autorisés, et, surtout de repenser la politique de l’intégration. Ce n’est pas le nombre d’étrangers qui pose problème, c’est le nombre de ceux qui ne s’intègrent pas. Parce qu’on ne leur en fournit pas les moyens, ou parce qu’ils ne le désirent pas.
Il faut pour cela imposer à tous ceux qui prétendent venir vivre en France de se conformer aux lois et coutumes de la France, de parler et d’écrire le français au bout d’une période raisonnable, de connaître l’Histoire de France, de se l’approprier et d’élever leurs enfants en français. Il faut enfin créer les conditions pour que la mobilité sociale permette à tout enfant vivant régulièrement en France d’avoir les moyens de réussir ses études et d’atteindre toute position sociale que son mérite lui rendra possible. Dans la France d’aujourd’hui, c’est très loin d’être le cas.
Cela exigera quelques moyens. Nous aurions tous, dans ce pays, tout à y gagner. Là encore, être altruiste sera une façon intelligente de servir nos propres intérêts.
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